mercredi 28 février 2018

LE BOIS DES LUMIÈRES - DOMINIQUE TAILLANDIER

 
Le Bois des Lumières.



  Dominique peint, rapidement, au couteau, en larges gestes spontanés, à l'instinct.



« Les meilleurs souvenirs que j'ai c'est en peinture » confie Dominique dans un éclat de rire et un humour jouisseur. 

 Jour de pluie 
La peinture au couteau de  haut en bas permet de rendre de manière très réussie la transparence de la pluie.

  À dix huit ans, mes premières peintures. Je m'y suis remise plus tard et j'ai alors suivi les cours et les conseils de Denis Chéret pendant deux ans.
J’ai débuté à l’acrylique mais je peins à l’huile, au couteau, depuis une dizaine d’années, avec un toucher rapide, énergique, ce que je perds en détail je le gagne en spontanéité.

Plage normande
 
   J’aime l’huile pour ses couleurs lumineuses. Peindre dans le frais permet de faire évoluer le tableau au fil de sa construction et de créer des effets.

Montmartre 
  Des paysages imaginaires ou des vues urbaines à partir de photos, sur de grands formats 15 ou 20p. Quelques expositions en région Auvergne-Rhône-Alpes, Rochetaillé, St Galmier…   
La peinture me détend, m’apaise, me permet de m'évader sans quitter mon chez moi.

En Soi, un voyage intérieur en somme. 

Étang du Forez



  La lumière est celle du début de l'été, claire, intense, à l'ombre des arbres, d'une grande douceur. A l'horizon, le ciel tire déjà sur le blanc, une intensité dorée sous les yeux à demi fermés. Par instants, des résidus de vent viennent friper le mirage de l'eau et balaient sa surface de senteurs délicates, des mélanges d'origan et de résine ambrée.

  C'est là, dans un environnement analogue que le Bouddha, Siddhârta Gautama a médité pendant plusieurs années. Sous un pipal, un figuier sauvage, il a réalisé l'Eveil.


   À la première veille, il découvre l'ensemble des mondes. À la deuxième veille, il contemple la totalité des états de l'être. À la troisième veille, il connaît la Bodhi, l'Éveil, l'Illumination qui éclaire le monde cosmique et humain. Il découvre alors les “Quatre Nobles Réalités” destinées à soigner tous les maux. C'est la base de son enseignement. Ces quatre nobles réalités ont trait à la nature, à l'origine, à la cessation de la souffrance et à la façon d'y parvenir.


Méditation, dans « Le Bois des lumières ».
 C'est mon tableau préféré, je l'ai peint il y a longtemps, j'ai bien réussi la lumière, j'y ai mis de mon âme.

  Deux siècles après la mort du Bouddha, l'arbre fut entouré d'un temple. Un trône de pierre siège à l'emplacement où il se tenait entouré de ses disciples. Le vieil arbre n'est plus, mais l'un de ses descendants a majestueusement grandi en ce lieu.

   D'autres arbres ont ponctué la vie du Bouddha. Au cours de son enfance il connaît une première illumination sous un pommier rose. Il est dit aussi qu'il médita pendant quarante jours au pied d'un Tarânaga appelé “arbre du passage”. Il s'agit du passage où l'homme meurt à un état d'être pour renaître dans un autre état plus conscient. Peu avant de mourir, Siddhârta Gautama se coucha sous deux arbres jumelés qui se mirent à fleurir hors de saison. Il a véritablement passé sa vie à l'ombre des arbres en fleurs.



Les bonzes.
Un monastère est toujours un lieu élevé qu'il faut mériter d'atteindre par des chemins escarpés.
 
Dominique prend la vie à bras le corps, dans ses jouissances comme dans ses peines.
Il y a un an mon camion a brûlé avec toute ma peinture, sur le coup ça ne m'a pas fait rire, j' étais effondrée.

Les meilleurs souvenirs que j'ai ce sont des moments de peinture.



Peindre c'est Aller chercher en nous ce qui ne vieillit jamais.




 


Je peins toujours à l'atelier des Tupins ; à la maison j'aide mon mari qui fabrique des objets qu'il crée lui-même : des boîtes, des lampes, des décors pour chambres d'enfants, crèches décorées sur support de bois. 



Nous vendons par internet sur le site : Marco le Bois des Lumières :

Nous avons également une boutique en ligne :
https://www.etsy.com/fr/shop/leboisdeslumieres




 
Je l'aide à peindre, nous nous complétons, je participe par les idées et la peinture. Nous avons réalisé un mur entier peint pour la chambre de notre petit fils.












Peintures à l'huile : Dominique TAILLANDIER              Texte : Marie-Pierre BAYLE

samedi 17 février 2018

RAISONNEMENT DU PRISONNIER INTELLIGENT

SOLUTION DE L’ÉNIGME DU PRISONNIER INTELLIGENT



Résumons l'énigme :

3 prisonniers à qui le gardien raconte qu'il va accrocher dans leur dos un rond de couleur parmi :
  En fait sans leur dire il n'accroche que :
et détruit subrepticement les deux noirs.

Le premier des prisonniers qui pourra annoncer la couleur qu'il a dans le dos sera libéré.

Chacun voit la couleur des deux autres.


Raisonnement (c'est le prisonnier A qui pense et se met à la place de B et C) :

A pense : Supposons que j'ai un noir, B voit un noir et un blanc (celui de C). A se met à la place de B qui pense " supposons que j'ai un noir, C voit donc 2 noirs (celui de A et le mien) donc il sait qu'il a forcément un blanc (il n'y a que 2 noirs) et il est libéré. OR IL NE S'EN VA PAS. Donc, continue à penser B,  j'ai un blanc.
Mais A constate que B NE S'EN VA PAS, donc l'hypothèse que A avait formulée au début (j'ai un noir) ne marche pas ; donc A déduit sans se tromper qu'il a un blanc . Il est libéré.

Seul Pierre avait trouvé, mais peut-être était-il le seul à avoir cherché :-). Bravo à lui.

Par contre les crêpes au rhum de Michèle ont fait l'unanimité chez les participants de l'atelier de lundi (12 février 2018).





lundi 12 février 2018

LE PRISONNIER INTELLIGENT

LE PRISONNIER INTELLIGENT


Saurez-vous raisonner comme le prisonnier dont voici l’histoire telle que me la conta André Tissot  grand amateur de problèmes logiques ?
   "Au fin fond de l’empire vivaient, oubliés de tous, dans une forteresse délabrée et une cohabitation forcée, trois prisonniers et leur gardien.


Les jours se suivaient, monotones et sans espoir, rythmés par les trois repas, les deux promenades  dans la cour et la partie de dames que les prisonniers disputaient à tour de rôle avec le gardien, le laissant prudemment gagner le plus souvent.

Aussi lorsqu’une grande enveloppe scellée et couverte de tampons arriva par estafette un peu avant l’heure du déjeuner, le gardien éprouva-t’il fierté et inquiétude. Là-haut on se souvenait de lui, modeste rouage de la grande mécanique qui mouvait l’Empire, mais que lui voulait-on ? Il n’est pas toujours bon qu’on se souvienne de vous.

Il attendit l’heure de la sieste où la forteresse déjà silencieuse d’ordinaire se figeait en un temps mort. Il s’enferma dans son bureau, rectifia l’ordonnance de son uniforme, brossa et coiffa sa belle casquette galonnée de gardien-chef, fit de la place sur sa table de travail en écartant le jeu de dames et solennellement décacheta la grande enveloppe.


 À l’intérieur, une autre enveloppe plus petite contenant elle-même une enveloppe plus petite  etc.

En examinant leurs nombreux tampons, il découvrit que la missive parcourait depuis de nombreux mois les routes de l’Empire, séjournant parfois plusieurs semaines dans un bureau de poste avant qu’un fonctionnaire, pris d’un zèle soudain et inexpliqué ne l’expédiât, glissée dans une enveloppe plus grande, couverte de tous les tampons à sa disposition, vers la prochaine poste. Au bout de ces enveloppes gigognes il y avait une petite lettre dactylographiée portant en en-tête les aigles de l’Empire qui firent se dresser le gardien-chef en un garde-à-vous éperdu.


Il commença la lecture :

Au camarade gardien-chef, salut et fraternité,

Nous t’enjoignons par la présente et dans les plus brefs délais de choisir parmi les prisonniers confiés à ta garde le plus intelligent. À cette fin nous te laissons libre d’imaginer le moyen pour y parvenir. L’élu sera aussitôt conduit au poste de … et pris en charge par nos soins.

Notre grand Dirigeant dans sa mansuétude en l’incorporant dans une usine d’armement lui offrira l’occasion de racheter ses fautes envers notre bien-aimée Patrie attaquée sur ses frontières par les armées de la réaction.

 
La dernière partie de la lettre le laissa sans voix. On ne se contentait pas de lui donner un ordre, on lui en expliquait le pourquoi. On ne le considérait pas comme simple exécutant mais comme partie-prenante dans la politique de l’Empire. Peu s’en fallait qu’on ne lui demandât son avis voire un conseil.

Le gardien-chef savoura un moment son importance et se jura, les yeux humides, de ne jamais décevoir le Guide de la Nation.



Comment sélectionner le plus intelligent de ses trois prisonniers ? Son attention se porta sur le jeu de dames.

Après un temps assez long de réflexion il fouilla dans la paperasse de ses tiroirs, en extirpa des feuilles blanches, des dossiers à couvertures noires, un compas et une paire de ciseaux. Il s’activa jusqu’à l’heure de la promenade.

Camarades (il faillit les appeler « mes amis ») dit-il aux trois prisonniers convoqués dans son bureau, inquiets de cet imprévu.

Camarades, les hautes instances dirigeantes me demandent de choisir le plus intelligent d’entre vous pour l’appeler à un destin glorieux au service de notre chère Patrie. En échange il sera amnistié, bien nourri, bien logé et peut-être payé…
 

On voit que  dans l’exaltation de  sa tâche le camarade gardien-chef avait perdu tout sens des réalités. Les prisonniers d’ailleurs ne furent pas dupes, mais quitter la forteresse était déjà inespéré.


J’ai imaginé un problème de logique qui vous départagera. Voyez sur mon bureau ces trois ronds de carton blanc et ces deux ronds noirs. Vous vous alignerez face au mur et j’attacherai dans votre dos un rond blanc ou noir. Nous irons dans la cour de promenade. Vous pourrez voir la couleur du rond de vos camarades mais interdiction de leur parler. Le premier qui viendra me dire à l’oreille la couleur du rond qu’il porte dans le dos et m’expliquer le raisonnement qu’il a conduit sera l’élu.

Par contre, si vous vous trompez ou si vous ne pouvez expliquer votre raisonnement vous serez puni. Un seul repas par jour, une seule promenade et (ajouta-t’il avec férocité) plus de partie de dames pendant un an.

Face au mur messieurs!


Il attacha au dos des prisonniers les trois ronds blancs et, subrepticement, fit disparaître les deux ronds noirs dans sa poche.


Dans la cour de promenade les prisonniers réfléchissaient en lorgnant le dos de leurs codétenus.

Enfin, l’un d’eux s’avança le sourire aux lèvres vers le gardien-chef et lui parla longuement à l’oreille. Quand il eut terminé ce dernier cria aux deux autres prisonniers :

- Regagnez vos cellules.

 
Se tournant vers le plus intelligent :

- Prépare ton paquetage, ce soir ou au plus tard demain matin tu quitteras la forteresse. Un grand destin t’appelle, mon ami, au service de notre mère Patrie.

L’histoire ne dit pas s’il connut des lendemains qui chantèrent ou … déchantèrent."


Serez-vous aussi intelligents que ce prisonnier en essayant de trouver le raisonnement qui lui ouvrit les portes de sa prison.

Solution ici :

http://lestupinsmontbrisonnais.blogspot.fr/2018/02/raisonnement-du-prisonnier-intelligent.html

Article illustré par "Les prisons" de Piranese (vers 1750).

mardi 6 février 2018

JEAN-CLAUDE MASSARD - FLEUR DE VIE


FLEURS DE VIE


  Fleurs de chair, de peau, à fleur de peau... d'abord une rencontre sans les mots pour ne pas troubler le regard, le simple regard nu, admiratif, impartial et serein.       
          

  La rencontre avec les peintures de Jean-Claude se fait avec la fine pointe de l'âme sensible. La force sacrée des photos- peintures m'oblige un instant à cesser de bavarder. Me taire.

  Laissons-nous un instant pénétrer par le secret-sacré. Lorsque vous entrez dans un sanctuaire, vous refermez la porte derrière vous pour laisser le bruit du monde dehors. Entrez en peinture. Laissez-vous surprendre !

  Fleur-femme, femme-plante, intime et exubérante qui révèle de manière impudique son anatomie secrète comme une offrande généreuse et féconde à la Vie. 


  Sensibilité à fleur de peau, Séduction, Sensualité. Couleurs lumineuses, chaleureuses. Une peinture de l'émotion qui fuse à tout propos.

  Le langage pictural poétique employé par Jean-Claude emprunte-t-il à l'art floral et à la peinture japonaise ? : sobriété, dépouillement. Le dessin devient écriture et même calligraphie. 

BLEU : La peinture, comme la parole a le pouvoir de renverser le ciel.

  Jean-Claude bouscule nos codes, nos habitudes de voir et nous entrons avec lui en mode subconscient avec ses colères, ses révoltes, ses métamorphoses, ses labyrinthes, ses êtres magiques, mythiques et fabuleux.

  Parfois le dessin est l'expression d'une polémique, d'une querelle, d'une tension, d'une révolte à exprimer pour s'en libérer. Dans la série protestation, révolution, la croix-incarnation apparaît dans le ciel sinistre, à la fois dramatique et poignante. Dis avec un humour potache : « Jésus crie ».

  Tous les calvaires ont une fin, …...même les calvaires ont une faim. Vous avez le droit de l'écrire selon votre bon plaisir et peut être droit d'en sourire.

  Une expérience onirique à la Dali, un peu fou, un peu floue. 

La folle sagesse est à la mode et chacun d'entre nous, nous les artistes, nous soignons notre addiction à la « Tupine Thérapie ». Chacun à sa propre posologie, un dosage perso au local ou à la maison. Trois fois par semaine pour les plus atteints avec crayons, pinceaux et couleurs vives. On touille, on ta-touille, tri-touille un mélange étonnant de matières sur la palette. On ajoute volontiers une gâterie au goûter, un thé, un café, des biscuits, un pâté et plus si affinité. Bavardage et philosophie font bon ménage, humour et rigolade aussi et même de la mathématique, mais cela est une autre histoire et nous y reviendront bientôt. Ça marche entre nous et chacun repart plus guilleret, avec une réserve de sourire dans le cœur.

  Jean-Claude fait partie de notre bande. Artiste-peintre- musicien, homme de théâtre et même paraît-il bon cuisinier ! Humour et jeux de mots, notre ami multiplie les talents et monte sur scène pour jouer le rôle du père dans les Précieuses ridicules. A quand le prochain spectacle ?


Dans la série protestation, révolution, "L'oiseau à la patte attachée"

Le plaisir s’accroît quand le désir est empêché.
Cet oiseau-pensée qui toujours cherche à s'envoler.
Folle pensée toujours cherchera à s'émanciper.
Avez-vous penser au plaisir d'avoir un fil à la patte ! 
Tout est dans tout et son contraire bien entendu.

  Et enfin, le peintre au commencement. La naissance d'un tableau, toujours un moment heureux? Le peintre hésite mais c'est plus fort que lui. Il se lance, un premier trait, un premier jet et même s'il copie une image, une photo. C'est une peinture. A plus forte raison, sans modèle à suivre, la peinture sort de vos tripes, au delà des codes et du déjà-vu, mais c’est plus difficile, j'en conviens. La peinture, c'est plus fort que soi depuis l'aube des temps, la trace sur les pierres et les grottes avec n'importe quoi, ce qu'on a sous la main. 

Créer comme une démangeaison. 

Peintures de Jean-Claude MASSARD      -    Texte de Marie-Pierre BAYLE