Les peintures
d'Elisabeth évoquent souvent la terre vue de haut, un univers de
rêve, à la fois intense, insaisissable et précis.
Avec ses
couleurs lumineuses, éthérées, nous découvrons des lieux
inconnus, des lieux énigmatiques, nous surplombons la terre, les
montagnes.
« J'aime me poser face
au paysage et rester longtemps. Devant l'immensité de la mer, je me
sens minuscule, une petite, une infime parcelle de l'univers».
«Les voyages,
l'Afrique toute petite, la terre minuscule, une simple boule, des
glaciers, une multitude de chemins, des spirales de mondes inconnus,
les étoiles. J'essaie de mettre tout cela dans mes peintures».
Contempler pour
peindre, entrer dans la magie du rêve, me fondre et goûter un
sentiment océanique.
Lors de nos voyages, en
camping-car, j'aime passer du temps seule face au paysage, entrer en
communion avec la nature. Entrer en patience, ….autrefois j'ai
pratiqué la dentelle au fuseau.
La carte et
le territoire
Pour réaliser cette
peinture à dominante ocre jaune, Elisabeth s'inspire d'écailles
d'ananas, de coquilles aux tons jaune éclatants, d'écorces
d'arbres, de cailloux. Répétition de signes, points, spirales,
traces, lignes géométriques, chemins, des jardins, une dominante de
couleurs ocre, jaune orangé, des traces brunes pour attirer et
questionner le regard.. Une vision
aérienne qui évoque des paysages, jardins, territoires,
continents. La terre vue d'en haut.
«Cette toile a été
choisie par ma fille qui affectionne le baiser de Klimt».
Elle me fait penser
aux cultures aborigènes d'Australie , une carte, un territoire, avec
des énigmes à résoudre. Des
signes sacrés, camouflés derrière des points ou des pigments
colorés, toujours liés à un territoire, un itinéraire, site,
grotte, point d'eau.
L'art
traditionnel est d'abord spiritualité, d'abord un hommage à la
déité ou à l'esprit ancestral créateur. Il s'agit par le rituel
de réanimer l' énergie créatrice et d'assurer la protection.
Un lieu couleur de
terre chaude, ocre et terre de Sienne, un lieu où s'aventurer par le
regard intérieur. L'art chamanique des cartes, une figure
énigmatique et propitiatoire.
Je pense aux cérémonies
traditionnelles du Bouddhisme tibétain avec les mandalas de sable et
de poudres colorées de grande dimension, plusieurs mètres de
diamètre, que l'on détruit et disperse après le rituel, comme le
pratique encore le Dalaï Lama lorsqu'il vient en occident.
Impermanence.
Interdépendance. Voyages et itinérance. Nous portons l'univers en
nous-mêmes. Partir, revenir, regarder, se poser face à la mer,
l'esprit en voyage, en contemplation.
Les nouvelles formes d'expression
artistique viennent rejoindre l'énorme réservoir d'inspiration que
constitue le Temps du Rêve. Elle a permis aux aborigènes
d'Australie d'exorciser le souvenir des massacres impunis.
Braque
et Toffoli, les peintres favoris qui inspirent Elisabeth.
Braque
né en 1882 rencontre et travaille avec Picasso. Ils créent ensemble
le cubisme en 1907.
Ce
que leur rencontre fait surgir, c'est que le motif n'est plus la
peinture. C'est la composition, par ses rythmes contrastés, qui
révèle une forme-peinture, que l'on peut lire ou découvrir à
travers le motif.
Braque
avait déjà commencé sa propre révolution avec Nu
debout ,
une encre sur papier de petit format (31×20cm), dans lequel le
peintre a déjà expérimenté une construction du corps en formes
géométriques.
Pour Toffoli, peintre
français né en 1907, les personnages s’imposent d’emblée au
visiteur par la lumière transparente traversant toutes les formes.
Elle semble sortir des peintures, l’impression de pureté qui s’en
dégage crée une profonde intimité avec les personnages.
Louis
Toffoli serait à la recherche d’une vérité intérieure
inhabituelle, les couleurs et les lumières font chanter les motifs
et ravissent le spectateur.
Elisabeth inspirée par
les peintres cubistes aime bousculer les formes, transformer,
transfigurer à sa manière le réel.
L'univers de la
Peinture est notre plus intime liberté.
Peintures : Élisabeth IMBERDIS - Texte : Marie-Pierre BAYLE