samedi 15 octobre 2016

PEINDRE AU PASTEL, C'EST CÉLÉBRER UN RITUEL À LA NATURE

Chez Maryse et Jean-Paul, accueil et conversation bien sympathiques dans un antre d’artistes qui partagent le même atelier. La peinture est partout, elles  se révèlent par mur entier, tableaux de Jean-Paul, ceux de Maryse et les tableaux des amis. 
Les œuvres au pastel se découvrent soigneusement protégées dans de grands classeurs-album que l’artiste dévoile avec précaution. 

 « Ciel d’orage sur Chemin de Compostelle  » 

 Pour Jean-Paul Cortial, peintre pastelliste de la tendance hyperréaliste, la création picturale se célèbre comme un rituel. La préciosité des pigments, le choix du support, la qualité des papiers, tout est pensé, expérimenté, choisi. 

Rien n’est laissé au hasard. 


Formé à la représentation correcte de la perspective par le dessin industriel, deux ans aux Beaux-Arts et à l’École de FEYTIAT, près de Limoges, auprès des maîtres pastellistes contemporains.  


 Il pratique la technique de pastel estompé au doigt et non hachuré, comme pas mal d’artistes le font actuellement.  On pose les pigments sur le haut de la feuille et on descend progressivement de haut vers le bas. Un travail long et méticuleux qu’il est bon de réaliser avec méthode et savoir-faire. 

Artiste exigeant, Jean-Paul est  un perfectionniste, grand admirateur des peintres de la Renaissance italienne. Recopier les maîtres anciens est un travail salutaire d’apprentissage. 

Voir le "portrait de Saint Jérôme", peint par Georges de la Tour. 


Ses maîtres :
- Georges de la Tour, peintre lorrain,  admirateur du Caravage.  En 1639 il reçoit le titre de « peintre ordinaire du roi Louis XIII » ainsi qu'un logement au Louvre. Le roi possédait un « Saint Sébastien soigné par Irène » de sa main.
- Maurice-Quentin de La Tour un portraitiste pastelliste français célèbre pour ses portraits de Voltaire et Louis XV.


La nature est ma première maîtresse, me dit Jean-Paul et il continue, philosophe, avec humilité. La création humaine ne peut égaler la Nature. C’est la Nature qui nous a fabriqué .Tout a déjà été fait. L’artiste peut seulement interpréter au mieux. La nature morte se place dans le désir artistique de rivaliser avec la Nature, hérité de l'Antiquité et redécouvert à la Renaissance. 


Un peintre de génie peut peindre des grains de raisin qui trompent jusqu'aux oiseaux.


Les œuvres de Jean-Paul sont fort prisées, elles attirent les collectionneurs, mais l’artiste n’aime pas se séparer de ses créations. Il ne veut pas vendre. Cela ne l’intéresse pas. 

Commerce et création artistique ne font pas bon ménage.

 Mon préféré est « la Venise verte » :   le dessin au pastel d’un pan de mur en brique d’une façade vénitienne.   La végétation est si rare à Venise, plus rare que les gondoles.



Jean-Paul, avec le sourire, me montre toutes les photos qu’il a prises de friches industrielles, celles de la verrerie de Saint- Romain-le-Puy. Peut-être ce sera ma prochaine source d’inspiration, ma prochaine étape !

Un couple d’artistes de la Vie.

Jean Paul déclare avec le sourire : « Je suis chez Maryse ». C’est sa maison et il évoque avec humour et philosophie l’époque mythique et sûrement heureuse du matriarcat. Avec une affection et une tendresse désarmante il parle de « sa fille », une chienne lévrier espagnol  Galgo qui a neuf ans. 


La protection des  animaux  est son cheval de bataille  ou plutôt une nécessité. J’aurais volontiers fait partie de cette secte Jaïn indienne, végétarienne, et qui porte un voile devant la bouche pour ne pas tuer d’insectes.

Jean Paul  me raconte  qu’il a longtemps alimenté en mouches son araignée géante en sous-sol, près de la chaudière, et que le réparateur  a malencontreusement aspirée en nettoyant, a-t-il dit, les saletés autour du foyer ? 


 Humour, chaleur humaine, et échanges à la fois sérieux et amusés sur la vie.  Un moment joyeusement riche.

Pastels, Jean-Paul Cortial.
Texte, Marie-Pierre Bayle, 2016.



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