Vous avez en mémoire
les célèbres portraits antiques du Fayoum, ces femmes au regard
noir profond, aux yeux démesurés, au visage allongé avec l'arête
du nez bien marquée. Un regard si profond qu'il va fouiller dans
votre âme et peut glisser d'un monde à l'autre comme dans les
peintures tellement riches en couleurs de Monique. Vision de mondes
parallèles qui se superposent et s'influencent.
Notre amie peintre
n'a-t-elle pas une lointaine parenté égyptienne, ne serait-elle pas
la descendante d'une ancestrale princesse de la période romaine du
premier siècle après J.C., peut-être elle-même artiste ? Même
regard profond, nez puissant aux angles bien marqués, la chevelure
brune méditerranéenne et le caractère bien trempé.
Les toiles de Monique
hautes en couleurs, puissantes et affirmées, allient subtilement
abstraction et figuration. Forces à l'état brut avant la
domestication de l'homme, avant la civilisation, avant le langage.
Une libération d'énergie L'inverse d'une peinture bavarde,
l'artiste va à l'essentiel, une peinture non cérébrale, comme
venue des tripes et pourtant totalement maîtrisée.
De la lumière semble
surgir de la toile elle-même, des formes sont en train de se créer,
des mondes en train d'apparaître sous nos yeux fascinés par tant de
puissance évocatrice. Ne vous y trompez pas, si Monique peint de
manière virtuose, elle a appris tôt, laissons-la nous raconter.
« Enfant je
dessinais avec ma mère qui m'offrit mon premier livre de
reproduction de peintures. J'aime Gauguin, Modigliani et Nicolas de
Staël. A l'école normale, une prof d'art merveilleuse , belle,
passionnée et passionnante à écouter. La vie et les années
passant, il m'arrivait de crayonner jusqu'au jour où, il y a quinze
ans, j'ai trouvé dans ma boîte aux lettres un mot m'informant de
cours de dessin-peinture à la mairie de mon village. Il me fut
suggéré de tenter l'aquarelle et à la deuxième réalisation je
fus satisfaite et le processus était enclenché. Revenue dans la
Loire c'est à Saint-Galmier que j'ai continué quelques années mon
apprentissage dans le mouillé, mais aussi huile et acrylique .
Mes artistes contemporains préférés : la peintre japonaise
Rika Ayasaki et aussi Loilier ».
Antelope
Canyon nous propose un paysage bien réel mais l’œil peut
aussi contempler l'intérieur en forme de grotte d'une cage
thoracique humaine suggérée fortement par la couleur chair des
parois et l'ouverture en courbe, sur le haut de l'image. Dedans/dehors, habile suggestion et belle ambiguïté possible, permise par
une grande maîtrise de la technique. L'intérieur d'un corps humain
dans son ajustement costal miraculeux, des chairs, des muscles mais
spiritualisés par le choix des couleurs. Une peinture qui m'émeut,
que j'aurais aimé pouvoir peindre. Nous touchons à la magie, à la
spiritualité.
Dans l'île aux pins,
les bois sur la rive, comme des bras, des mains qui agrippent le
bord, accrochent la terre, pour sortir du néant. Une quête sans
cesse à recommencer. Peut être une peinture de Naissance, accentuée
par la force évocatrice des bleus, un continent Mu en train de
naître. Accouchement de corps qui sans cesse arrivent à la vie.
Magie et spiritualité.
Envol de l' esprit vers
les hauteurs du ciel.
Acryliques de MONIQUE SCALA - Texte de MARIE-PIERRE BAYLE