« Femmes je vous
aime»
Anouchka part d'une
photo de magazine, une photocopie de photo qu'elle imprime sur papier
toilé. Cette photo est collée et intégrée par la couleur à la
peinture.
Anouchka réalise un
travail de mémoire profondément émouvant. La photo est le
personnage central, le décor peint tourne autour, avec des aplats de
couleurs aux tons rompus parfois en forme de fenêtre pour mettre en
valeur le personnage.
Les éléments peints
complètent la photo, la mettent en valeur, donnent sens, portent
témoignage.
Décor en arabesque,
peinture «Art nouveau», sorte de carte postale rétro des années
trente, rendue au format d'affiche.
Hommage à des
inconnues collées quelque part dans le tableau. Illustres ou
ignorées, arrivées au hasard et pourtant soigneusement choisies.
Épitaphe, hommage,
célébration. Femmes je vous aime. Peinture aux couleurs joyeuses ou
estompées, fragiles, délavées, elles donnent à l'ensemble de la
composition une ambiance pleine de tendresse et d' affectivité.
Un album de famille,
désuet, suranné, toujours des femmes. Une galerie de portraits
intimes, une parentèle d'oubliées honorées, comme autant d'aspects
de soi-même, autant d'autoportraits, de faces cachées de l'artiste.
La mise en scène
théâtrale, désuète, profondément nostalgique célèbre des
sœurs, des parentes dont la mémoire a retrouvé la trace. Autant
d'héroïne que la vie a oublié et que l'artiste tient à honorer, à
faire exister comme autant de double, de sœurs jumelles
célébrissimes ou ignorées, heureuses, ou sans histoire.
Émotion et nostalgie.
L'inconnue devient icône.
Visite dans la Galerie
des portraits intimes.
Hommage à Olympe
Serait-elle la déesse
Montagne elle-même, chez les Grecs, celle qui engendra les dieux?
Un regard en arrière,
la fleur rouge de l'amour et du sang, comme une épée de feu.
Olympe, portrait de
profil, le regard en arrière, à la porte du ciel. Plusieurs
rectangles ouverts mettent en valeur le personnage central, comme
autant de fenêtres en perspective. De larges aplats à l'acrylique,
bleu vert tendre, lumineux, tout en nuances, un jardin de rêve,
jardin d'Eden à la tache écarlate en plein centre de la toile,
fleur rouge du drame, du sang, de la blessure. L'inconnue devient
icône sur l'autel de l'Histoire.
Elle est Olympe de
Gouge née à Montauban le 7 mai 1748 et morte guillotinée à Paris.
Destin tragique d'une femme de Lettres, une femme politique. Elle est
l'auteure de «Déclaration des droits de la femme et de la
citoyenne»; «Femme réveille-toi». «Mémoire de Madame de
Valmont». Une des pionnières du féminisme français. Une lutte
vieille comme le monde, que l'on peut croire à tort être un acquis
ou une nouveauté du XXeme siècle.
Retour dans le
passé
Nour, lumière, vit à Paris, elle
vient de retrouver la photo en noir et blanc de son arrière grand
mère en costume traditionnel de femme tunisienne du début du xxème
siècle.. Sa mère étonnée la lui a laissé regarder avec un
instant d'hésitation, l'air offusquée.
Une photo si précieuse
pour Nour, qu'elle vient de l'agrandir pour faire un selfie avec.
Entrer en dialogue, en osmose de pensée, faire se rejoindre leurs
rêves de femmes libres.
Faire se rapprocher les
temps. Elle se sent tellement proche de cette jeune femme en habit de
fête avec sa haute coiffure couronne en perle qu'elle a mis des
jours entiers à confectionner. Une coiffure qu'elle porte sans doute
pour les fêtes, pour les mariages, et qu'elle range soigneusement
dans le coffre lors des migrations nomades de la caravane.
Nour contemple pensive,
les longues dunes de sable passent dans sa tête, les villages
fortifiés que l'on atteint après des journées d'un voyage
monotone, perchée sur la selle usée de dromadaires récalcitrants.
Lorsque la tempête se lève, elle s'enveloppe et se protège le visage, mais dès que la caravane s'immobilise, qu'elle traverse de nouveaux ksour ou des marchés ambulants pour s'approvisionner, elle aime se parer de tous les atours, les pierres, les lourds colliers sur un châle de toile en fine dentelle. Quelle élégance raffinée dans le passé.
Lorsque la tempête se lève, elle s'enveloppe et se protège le visage, mais dès que la caravane s'immobilise, qu'elle traverse de nouveaux ksour ou des marchés ambulants pour s'approvisionner, elle aime se parer de tous les atours, les pierres, les lourds colliers sur un châle de toile en fine dentelle. Quelle élégance raffinée dans le passé.
Elle serre contre elle
la photo si précieuse. Cette ancêtre musulmane non voilée.
Elle entend sa mère,
avec son air offusqué, outrée, presque en colère lui dire d'un ton
de réprobation: «Elle ne connaissait pas la véritable religion!».
Rencontre avec
Dounia
Dounia Bouzar née en
1964 à Grenoble, est une anthropologue française qui fonde en 2014
une association «Centre de prévention des dérives sectaires liées
à l'Islam» dont elle est directrice.
L'âme ancestrale de
Dounia rêve.
Sur ses épaules, passe la caresse du vent des sables
avant qu'il ne soit piquant et qu'elle ne soit obligée de rentrer
sous la tente. Le prénom Dounia signifie le monde, l'univers. Son
univers à elle, l'art du tissage et de la broderie, elle va se
marier et avoir des enfants. L'âme-pensée de Dounia est de la
nature des dunes libre et mouvante, sans cesse changeante. A travers
les siècles, elle s'habille de vêtements de peaux différentes
selon les cultures et les traditions humaines, mais elle est libre.
Libre comme la chenille est libre de devenir papillon, selon la loi
de nature, partie intégrante du grand mystère de la Nature.
Ailes
froissées!....ailes poussent.
Acryliques : Anouchka
Texte : Marie Pierre BAYLE
Pour voir ces œuvres une date :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire