mercredi 28 août 2019

PIERRE-MARIE NEEL - LE SUD INTENSE




Pierre-Marie nous transporte dans le sud intense, lumineux, somptueux. 

Bleu vacances et Jaune, carré, soleil. La côte méditerranéenne et ses maisons sentinelles. Des maisons qui regardent par toutes leurs fenêtres. Le mas provençal est un grand résistant. Le peintre affirme le carré jaune des murs puissants sur fond bleu face à l'immensité. La vie est un combat un affrontement tonique qui exige une vigilance permanente. 

Maison sentinelle, maison phare, maison de prestige. Il est bon de tendre l'oreille et d'écouter.

 Nos maisons parlent.




Vous me voyez puissante et austère établie là depuis longtemps sur le plateau. 

A la fin de l'été quand le chemin prend la couleur des vendanges, quand des feuilles d'or parsèment le jaune intense des prairies, et le rouge vif des dernières fleurs accroche l’œil, quand le vent va tourner au nord, ils me laissent, ferment mes portes et m'abandonnent à la vie sauvage.

 Alors la montagne Sainte Victoire devient plus sombre, alors mes fenêtres prennent la forme et la couleur des oiseaux de nuit et le cri des corbeaux cède   aux musicalités estivales des cigales et du rossignol. Ils me laissent et je m'isole et me referme, une dépression légère fendille le crépi de ma façade.

 C'est le temps des ombres vertes, du silence et des fantômes. 
Il devient très éloigné le chemin vers la mer. Alors je me protège davantage. Je garde encore un peu dans mes murs les éclats de rires des veillées où l'on chante, nombreux dans la cour, à la clarté des étoiles. Je garde la chaleur des cuisines, les sauces odorantes à l'ail, à l' huile d'olive et aux herbes, basilic, thym, romarin, origan, marjolaine, sarriette,  comme dans les recettes d'artichauts à la barigoule, la mode cet été et surtout la soupe au pistou.....






Quand le mistral à bien soufflé, un jour ils reviennent, je les 
entends de loin, une rumeur sourde, un ronflement qui vient du nord, je le reconnais entre mille. C'est eux, alors je m'éclaire des toutes mes fenêtres pour leur faire bon accueil.
Ils disent comme on est bien ici, comme c'est bon de se retrouver. 

Mais l'autre jour, je les ai entendus à mi voix : Il paraît que je leur coûte cher. Les travaux d'entretien, le chemin d'accès, les impôts, que sais-je encore! Alors je flippe, je grince, je claque des volets, j'ai horreur du changement.

En partant ils se sont dits en s'embrassant:« On se retrouve pour Noël». J'ai soupiré d'aise. Tant que le portrait du grand père est accroché sur le mur de ma grande cheminée, je ne crains rien. Ma vie continue, mes fenêtres respirent, tout va bien. 



De loin j'aperçois le campanile surplombant les bâtiments du bourg. A bord du bateau qui longe la côte, j'entends le guide donner quelques explications.

« Dans le Midi méditerranéen, un campanile est une tour lanterne ajourée, faisant office de clocher. C'est aussi un petit édifice en bois ou en fer forgé qui porte les cloches sur une église. Il est souvent construit comme un élément à part entière. Une tour campanaire ne fait pas partie du bâtiment principal de l'église ou de la cathédrale, elle est construite à côté. De forme carrée ou ronde, elle est généralement percée d'arcades sur plusieurs niveaux».


 



C'est encore la maison qui parle.

 J'aime le soir quand les ados ouvrent leur fenêtre à distance. Ils se regardent longtemps, les yeux dans les yeux en fumant clandestinement la cigarette de leurs quinze ans. Amours de vacances. Ils vont sortir tout à l'heure sur la plage pour le concert improvisé au clair de lune où chacun sortira son répertoire et ses instruments.
Au fait le propriétaire a repeint ma façade couleur soleil de vacances, brique et rouge à lèvre intense. Il faut dire qu'il est doué. Dans son enthousiasme créateur il a même repeint le ciel tout entier couleur méditerranée. C'est plus vendeur. Ciel et eaux bleues pour nouveau logement aux allures de Provence. Luxueusement encadrée ma photo est mise bien en évidence dans la vitrine de l'agent immobilier qui souhaite me vendre avant la saison d'été. 

Vous êtes intéressé?



Si nos maisons parlent, nos maisons nous ressemblent.

 Elles sont notre lieu refuge et un douillet cocon pour l'imaginaire. Bien au-delà des mots. Laisser agir la magie puissante des peintures  à l'huile de Pierre-Marie, une belle thérapie enthousiaste et jouisseuse. 


Peintures : Pierre-Marie NEEL  - Texte : Marie-Pierre BAYLE




mercredi 21 août 2019

LA CHAPELLE DE FERRÉOL - SORTIE PEINTURE

Après des jours de pluie, un beau soleil nous attendait à Ferréol (La Chaulme) aux confins du Puy-de-Dôme et du Forez.


Nous nous sommes installés devant la jolie chapelle Saint Roch avec son clocher-mur à une cloche.




Bien habillés car le soleil était accompagné d'un vent frisquet,



qui envoyait voler les feuilles et les chapeaux dans les prés à vaches



 et ébouriffait les cheveux.



Une tasse de thé chaud était la bienvenue.


Nous n'avons pas été très loin dans le travail, le vent froid nous a fait abréger. À continuer au calme...






Mais avant de quitter Ferréol visitons la chapelle Saint-Roch.


Un chevet en cul-de-four avec une belle charpente.


Saine Thérèse de l' Enfant Jésus  au milieu d'un chemin de croix.


Des vitraux de 1925, la Sainte Famille et Saint-Roch, patron des pestiférés qu'il soigna .



Il fut lui-même atteint par ce mal. Il se rendit péniblement jusqu’à un bois pour y mourir. À cet endroit, une source jaillit et un chien lui apporta chaque jour un pain. Un ange aida à sa guérison et il poursuivit son œuvre auprès des pestiférés.


C'est sur cet édifiant exemple que nous terminons nos sorties peinture de ces vacances 2019 :

mercredi 14 août 2019

MARYSE CORTIAL - LE SEC ET L'HUMIDE


LE SEC ET L'HUMIDE

Sur le papier blanc sec, résistant, une goutte aquarellée s'épanche à partir d'un centre marqué par l’extrémité du pinceau. Vie parcellaire, cellulaire, minuscule, chaque goutte d'eau emprisonne la lumière et le pigment rejeté à la périphérie ne fait que révéler la lumineuse présence, l'âme du papier.



Comme un tissu vivant chaque cellule reliée aux autres cellules élabore ses propres tonalités, son unique personnalité, à travers la trace aléatoire et démultipliée du pinceau. Humide sur sec, le peintre nous relie au mystère des origines aquatiques, à la vie matricielle et placentaire.




«L'homme n'a pas besoin de voyager pour s'agrandir, il porte déjà en lui l'éternité» a écrit Chateaubriand.
A travers le BLEU présent partout dans les aquarelles de Maryse nous entrons dans «la silencieuse puissance de la peinture» dont parle Eugène Delacroix.



Sieste à tous les étages.


A l'ombre d'un arbre ou au creux d'une chambre fraîche, par temps de canicule la sieste est de rigueur. La sainte oisiveté des après-midi d'été qui nous plonge dans un demi sommeil, est salutaire! Dans le sommeil profond, y a-t-il un seul esprit qui nous emporte et nous nourrit, une seule âme? L'esprit a-t-il revêtu la terre d'un unique vêtement? Quelle est la couleur des songes? La quête perpétuelle du peintre! ce quelque chose qui pense ou qui rêve dans la peinture?


L'art du tonnelier



Il ne suffit pas que le peintre peigne en couleurs chacun de ses tableaux bleu-lumière, pour que le miracle s'accomplisse et que le monde soit trans formé. Il faut que l'humain besogne, coupe des bois, des planches, confectionne des tonneaux, des avions, des sous-marins, creuse toujours plus, qu'il s'enferme dans des laboratoires et là-haut, aille marcher sur la lune.

Chaque peintre porte en lui ce désir de changer le monde.L'homme en rêve! Il a lu tous les livres, constitué d'immenses bibliothèques, il a chanté des psaumes dans toutes les langues, peint les plus belles icônes, érigé des tours plus hautes que celle de Babel, et des phares pour les marins au creux des océans.


Bleu le paon 



L'esprit est Bleu. Tantôt liquide comme une mer étale, il fredonne aux flancs de la rivière, il s'égosille dans le chant des oiseaux. Bleu somptueux la gorge bleue du paon, l'oiseau de paradis. L'antique robe de Neptune partout se déploie, dans l'aquarium étroit où grouille les poissons et dans le golfe hurlant perdu en pleine mer.


Deux encoquillés



L'escargot dès qu'il s'expose, il marche, sinon il rentre pour faire la nique aux importuns.
Il est précieux de pouvoir rentrer chez soi au moindre danger et de percevoir l'autre du bout de ses antennes, des yeux globuleux. Première leçon de bave et de marche en majesté à son petit encoquillé. Quel merveilleux port de tête, si touchant, si lent et sur leur passage une trace argentée, baver d'orgueil ou de colère.

Le peintre s'approvisionne d'apparences. L'esprit en vacance a besoin de s'encanailler, de s'amouracher, de s'enivrer, de prendre des nageoires et d'escalader.


Ville bleue


Pluie diluvienne, un rideau serré de lignes verticales, intense entre le haut et le bas. Une pluie de supermarché pour grande ville habitée, pluie de place Vendôme. Le bleu nostalgique nous tire vers le passé, un peu pollué. Pluie ordinaire de jour de rentrée, parapluies de saison, pour tout nettoyer et recommencer. Pas d'arbres, aucune végétation pour retarder la chute. N'allez pas chercher l'esprit à la campagne. La ville est bleue de pollution mais saturée de vie, les esprits sont en travail, en confrontation, en gestation. L'esprit a quitté la montagne et déserté les sommets, il s'est ramassé bien vivant au cœur des villes surpeuplées. Une densité propre à une gestation nouvelle. L'esprit toujours un peu bleu.


Encre noire,....le retour



A travers mes racines tordues, c'est la multitude des méandres de la vie qui se cherche, se démultiplie, se perd et se régénère. Majestueux retour à la poussière.
Les racines fascinent l’œil du photographe ou du peintre, monde souterrain, monde occulte mis à jour, mis en lumière, sorti de son contexte. De belles lignes graphiques les racines!. Où sont celles des humains? Dans la tête? Les pieds n'arrêtent pas de bouger, les mains aussi. 



Peindre ou écrire c'est l'errance. L'esprit, c'est l'errance, il souffle où il veut, mais Qui veut! 

Y a-t-il une volonté. L'Esprit dit : tu iras où tu voudras, tu parcourras les hivers, les mers et la terre des hommes sous la pluie, au soleil, au sommet du phare de tes illusions, jusqu'au fin fond de tes océans et tu ne me trouveras pas. Pars, va errer dans les villes des hommes, puis concentre-toi sur l'ouvrage à accomplir, sur ton dessin, sur ta toile à réaliser, à dessein, alors l'apaisement, le bonheur, puis la Joie arrivent.



Aquarelles  Maryse CORTIAL         
Texte Marie-Pierre BAYLE