Le Cri,
Vlan, vous le prenez en pleine figure
ce tableau.
Les peintures d'Agnès, souvent un cri
dans le silence ambiant!
Même ce qui est en dur, ne dure pas.
Rien n'est fait pour durer, nous espérions dur dur que ce monde
continue vaille que vaille à croître en richesses, en santé, un
monde meilleur qui irait vers le mieux, le beau et la croissance à
outrance.
La Grande avenue nous regarde de ses
orbites creuses et goguenardes.
- «Vous les gentils spectateurs, vous
gens de la ville, vous m'avez construite, vous m'avez voulue grande,
majestueuse, riche en commerces de luxe, en établissements
bancaires, en agences de voyages, en boutiques prestigieuses aux
enseignes renommées en frivolités dispendieuses.
J'ai brillé de toutes mes vitrines
lumineuses et achalandées, venus des quatre coins du monde des
foules ont déliré devant mes richesses largement étalées. Vous
êtes même venus me visiter.
C'est terminé!
Après la civilisation, nos murs vides,
nos appartements abandonnés, nos drapeaux déchirés, nos maisons,
nous ricanons de nos mâchoires édentées, de nos fenêtres
meurtries aux vitres éclatées, nos débris tranchants s'amoncellent
en bas. Vidée, Désertée.
Vous vous accrochiez à un bout de
drapeau écarlate et révolutionnaire, vos grands défilés avec
slogans et pancarte. Vous aviez raison, l'humain a toujours raison et
vous vouliez l'imposer!
Jetée aux ordures la grande Avenue!»
La peinture d'Agnès, puissamment
évocatrice, raconte une post apocalypse.
Les vents ont tourné, les esprits
furieux et grimaçants ont pris possession des lieux.
Ils nous jettent un regard mauvais,
furieux et provocateur.
Au début, il y a quelques mois
seulement ce n'était rien, une rumeur lointaine, une vague
information venue d' un Orient vite oublié. Un virus minuscule a
tout bousculé.
Le déni et le délire ont continué.
Délire de grandeur inassouvie, de supériorité, le toujours plus et
toujours plus fort, plus grand, plus vite. Ça continue des siècles,
des mois, des années. Terminé!
Nous les esprits vengeurs et
protecteurs avons dû nous fâcher avons dû mettre le holà.
Bousculé votre jeu de Lego exacerbé,
votre jeu de l'Ego démesuré.
Nous les Protecteurs d'une Nature
maladive et malmenée, nous les protecteurs de vos vies dévoyées,
vous nous avez ignorés, bien trop occupés à vous amuser, à crier,
à rouspéter pour un oui pour un non.
Nous les Protecteurs furieux avons
crié:
«Ça suffit assez rigolé les
humanoïdes dégénérés.
Assez paradé, assez gonflée votre
démesure. Vingt siècle d'insolence à vouloir tout comprendre.
Les temps ont tourné, vous n'êtes
plus d'actualité, vous appartenez au passé!».
Une nouvelle espèce en train de se
créer?
Nouvelle humanité?
Vie toujours à recommencer!
Peinture : Agnès GUILLOT
Texte : Marie-Pierre BAYLE