Notre première sortie peinture pour l'été 2023 nous a conduit au mont Semiol au dessus de Châtelneuf.
Après Châtelneuf prendre à gauche une petite route (image de Google Maps ... en hiver ) :
La canicule avait sévi les jours précédents mais les orages de la nuit nous rendaient une température ... d'automne.
Cinq courageux dans la brume.
On peut admirer le Mont Blanc ou presque ...
Mais la bruine persistante, la brume inquiétante donnait au paysage, à ses couleurs, à ses arbres tordus – les garolles *1 redevenus sauvages – une qualité poétique, une atmosphère mystérieuse qui nous récompensait largement de notre persévérance.
On s'imaginait dans un roman d'Henri Pourrat, Gaspard des Montagnes :
"Il faisait du vent et Ton se voyait par instants
au milieu de grisailles de brume qui passaient
vite. Les branches étaient trempées sans qu'il
eût plu et la moustache du père pleine de gouttelettes.
au milieu de grisailles de brume qui passaient
vite. Les branches étaient trempées sans qu'il
eût plu et la moustache du père pleine de gouttelettes.
Là-bas sous la nue qui traînait en franges,
couleur de ces bourres au tronc des sapins,
un pâle éclairage faisait les monts du Forez
blancs comme après quelque neige. Les lointains
paraissaient à des lieues. On ne reconnaissait
quasi pas le pays. L'air fumeux mettait une
faim, presque une inquiétude au creux de la poitrine..."
un pâle éclairage faisait les monts du Forez
blancs comme après quelque neige. Les lointains
paraissaient à des lieues. On ne reconnaissait
quasi pas le pays. L'air fumeux mettait une
faim, presque une inquiétude au creux de la poitrine..."
Mais nous étions là pour peindre, pour dessiner.
D'abord choisir un point de vue pittoresque et
ils étaient nombreux :
Sorcières aux doigts crochus, hydres aux têtes multiples, squelettes d'une danse macabre, ents du Seigneur des anneaux.
Et la "galipote"*2 pouvait nous tomber sur les épaules à l'improviste.
Michèle s’accommodait de la brume qui déposait sur son carnet d'aquarelles des gouttelettes au graphisme d'écorce.
Michel , imperturbable, construisait à l'huile et au couteau un de ces paysages foréziens dont il a le chic.
Le tableau terminé en atelier :
Monique et Marie-Pierre privilégiaient les dessins pour mettre en valeur les graphismes tortueux des pins boulange.
Jean préparait une linogravure.
Une heure et demi de travail dans l'humidité, les doigts gourds et blancs, c'était assez pour cette sortie à la fois insatisfaisante en raison du temps – mais nous retravaillerons d'après nos photos, – et en même temps mémorable par l'atmosphère poétique et les couleurs très précieuses que la brume donnait aux choses.
Marie-Pierre nous a accueillis dans son jardin de sculptures pour un pique-nique revigorant.
*1
"Le garolle ou pin de boulange est difforme. Son tronc noueux, tordu,
ferait songer à quelque facétie de la nature. En fait, leur aspect
tourmenté est la conséquence d'une taille voulue par l'homme pour
approvisionner, en particulier, les fours à pain."
*2
"La Galipote s'apparenterait donc à une sorte de loup-garou qui parcourt
la campagne les nuits sans lune, et rôde autour des maisons le matin
avant le jour. La particularité de cette créature est de sauter
violemment sur le dos des passants, toutes griffes dehors. « Elle s'y
agrippe et pèse de tout son poids jusqu'à ce qu'ils périssent étouffés. »
Merci pour ces belles photos à regarder dans un fauteuil bien douillet et bien au chaud!
RépondreSupprimerBravo aux artistes courageux et téméraires qui auront gagné quelques souvenirs savoureux avec le temps...
magique
RépondreSupprimerBravo aux courageux peintres ! Lieu magique sans doute mais aussi angoissant au milieu de tous ces pins martyrisés par les intempéries, entourés de brume...une scène digne d'un pays imaginaire et pas très hospitalier !
RépondreSupprimerMais le rendu des œuvres est réussi ! On découvrira la touche finale à la rentrée.
Bonnes vacances à tous !