Un jour, dans le grand
sommeil cosmique, au huitième Kalpa plein de ténèbres et de
nuit, comme un frémissement. Cela s'étire, se met en boule, se
recroqueville. Un gémissement sourd, un ébrouement, une
vocifération légère: le premier son de l'Univers.
Oh! Ce n'est pas
vraiment un cri, encore moins un mot, ni le Verbe tant attendu,
seulement une plainte, comme l'expression d'une souffrance organique.
Quelqu'un qui aurait tendu l'oreille aurait pu entendre et
comprendre: «m'ennuie».
Au neuvième kalpa
quelques millions d'années plus tard, bien que l'année ne soit
pas encore inventée, le cri recommence. « Je m'ennuie». Le «Je»
sort de l’Imprononcé. Victoire!
Kali la déesse qui
pressure le temps, on pourrait aussi dire Chronos mais il est moins
sympathique à cause de son appétit d'ogre. Kali la grande, frémit
et tend l'oreille, son travail commence à faire effet. Depuis le
temps qu'elle pressure la Nuit, qu'elle comprime le Temps immémorial,
qu'elle le chauffe dans tous les sens, le retourne, le malaxe pour en
tirer son jus, en extraire son essence, son énergie, sa force, une
énergie phénoménale!. Le temps se bouscule encore, il n'a pas dit
son dernier mot, mais la Vie a gagné!
Michèle notre
magicienne peintre-herboriste était déjà là pour contempler.
Les choses vont vite
quand elles sont enclenchées.
La Terre est née avec
sa lune et son soleil. Kali pressure encore quelques millénaires,
elle est têtue l'ogresse, il lui faut aller jusqu'au bout.......
Alors, à bout de
souffle, la terre verdit, mûrit, jaunit, des pétales s'ouvrent, des
épis montent en graines, des arbres bourgeonnent, des buissons
s'écarlatent.
Il n'y a personne pour
regarder, mais Michèle en a gardé dans sa mémoire d'éléphante
quelques traces en couleurs . Comme Rien n'est nommé, rien n'existe.
Des volées de graines
explosent à tous les vents, s'accrochent aux pelages, aux fourrures,
ressortent dans les déjections et vont germer ailleurs dans des
contrées perdues.
Des corolles explosent
à tous les horizons, des bourrasques emportent des germes au fond
des ravins, au sommet des montagnes et dans les grandes plaines.
Partout ça germe, ça
pousse, ça fleurit, ça s’engrène, ça se disperse à tous vents.
Cela est mangé, digéré et se retrouve dans les selles des
herbivores.
La Vie toujours recommencée.
La
Nigelle de Damas,
Familièrement appelée
« Cheveux de Vénus », la belle nigelle née au pays des Contes des
Mille et une nuit est une fleur un peu démone, diablesse d'un bleu
voluptueux qui ensorcelle et rend amoureux, Diable-dans-le-buisson,
Belle-aux-cheveux-dénoués, une plante annuelle de la famille des
Ranunculacea, à feuilles aux segments très fins et aux
fleurs d'un bleu vaporeux très clair, elle est originaire du Moyen
Orient.
Le Cirse
laineux, famille des composés, appelé chardon des
ânes, chardon porte-soie, coquasse, couronne des frères. Le Cirsium
Eriophorum, est une Astéracée épineuse de Franche
Comté.
La Centaurée tâchetée, Comme certaines espèces du genre Centaurea ont été utilisées comme
herbes médicinales, le nom du genre vient peut-être de
Chiron, le centaure, connu pour sa grande sagesse,
son exceptionnelle bonté et sa connaissance des plantes médicinales.
C'est lui qui éleva Asclépios (Esculape), dieu de la médecine et qui la lui enseigna.
Asclépios apprit de ce sage et savant centaure l'art de composer et de fabriquer
de simples remèdes. Bientôt, il acquit une habileté telle que non seulement il
réussit à guérir les malades, mais à ressusciter les morts.
Aquarelles de Michèle DE ROGALSKI LANDROT
Texte de Marie-Pierre BAYLE
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