samedi 2 juillet 2016

POÉSIE DE LA TERRE ET DU TRAVAIL DES HOMMES






Tailler la vigne. La vigne est le lieu où les hommes se retrouvent.
J’entends mon père dire en patois : « Sé portchi vé là vigne ».

Comme il aurait dit je pars en congé, loin, vers son « chez lui », un lieu éloigné et mystérieux.

Depuis les temps anciens les paysans des Monts du Forez ont leur lopin de vigne sur les coteaux ensoleillés de la Plaine. Mon père partait à vélo jusqu’à Montaud.

 Peintures Pierre Combat

A un quart d’heure de la maison. Sa vigne : un lieu rêvé inatteignable où il était tranquille. Loin des contraintes des équipes et des chantiers. Il en revenait fatigué, heureux et ressourcé. Boire le vin que l’on a tiré de ses tonneaux, à la cave, en régaler les amis, en parler, comparer en patois, entre copains la qualité de la récolte de l’année. Fierté.

Les peintures de Pierre Combat séduisent, elles sont millésimées. 
Un public d’amateurs amoureux  les apprécie et les teste comme le vin nouveau à la rentrée. Un cru nouveau est-il arrivé ! 


Pierre peint au couteau, une peinture incarnée avec le mouvement et l’émotion dans les tripes.
Une peinture matière, épaisse et nourrie de la terre et du travail des hommes.
Des touches de couleurs imprégnées de la peine, de la force des espoirs et de la sueur.
Un peinture à la Toulouse Lautrec, à bras le corps avec justesse et puissance dans le tracé. 



Si les vendanges se font en équipe,  piocher ou tailler les sarments peut se faire seul.
Mon père ouvrier exigeant y passait du temps. Peindre c’est aussi s’isoler, voyager en solitude, S’exclure du monde un moment pour Observer. Plonger en soi au plus profond.
Sentir et Ressentir, Rendre l’attitude et la  position juste des corps.
Peindre, c’est vivre le geste de l’intérieur.
Peindre pour  Se rendre libre, Aller respirer Ailleurs, dans les couleurs.
Rendre à travers la peinture notre âme humaine en gestation, laborieuse et multiple.




Devant les peintures de Pierre Combat c’est l’émotion-souvenir qui prime.
Les mots pensés disparaissent. Seulement regarder, ressentir  et se laisser imprégner :
La force des rouges, orangers intenses, jaunes lumineux.
La puissance des ombres et des contrastes.

 


Cet homme en bleu penché dans sa marche, d’où vient-il ? Revient-il de sa terre, de son jardin, l’air fatigué, en bleu de travail rentre-il à la maison après une journée de labeur ? 






Émotion à l’état brut rendue par la vigueur et la justesse de la couleur balafrée au couteau. 



Nostalgie poétique du bleu. Tous les bleus.
Le bleu de travail des hommes, celui du ciel et de la mer.



Le bleu immense, intense, volcanique parfois, la mer tellement présente.
En s’approchant, on peut en respirer les embruns marins. 



Avec la Salute, on voyage dans la blancheur méridionale d’une Venise qui fait rêver.
La peinture est lisse, sans aspérité, rendue moelleuse par le souvenir.





La Santa Maria della Salute brillante sous le soleil du matin, comme une mariée en blanc.
Une cérémonie des Noces célébrées chaque jour dans le bleu azuré du ciel limpide
Et celui tourmenté, presque noir, de la lagune en décomposition.
Les quelques piquets plantés au premier plan, soutiennent-t-ils  fragiles comme les siècles la lagune et son poids énorme. Trois barques bleues attendent !
 « Les Noces de Cana », le tableau  peint par le Tintoret est dans le choeur de la Basilique,
Comme au cœur de nous-mêmes. 
A chacun d’entre nous, selon son talent particulier de célébrer ces Noces  à sa manière !

 

 Texte  Marie Pierre Bayle       
 jeudi 26 Mai 2016

Note : Sous la basilique se trouverait près d'un million de pieux en bois pour soutenir sa structure colossale.


 







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