mardi 29 octobre 2013

L'ESQUISSE COMME UNE OEUVRE EN SOI


A côté des grands musées très fréquentés il est, à Paris, des musées de charme, moins connus heureusement, qui ne font pas partie du "parcours touristique" obligé. Le Musée de la Vie romantique, est l'un d'eux. Situé rue Chaptal dans le 9°, au coeur du quartier néoclassique de la Nouvelle Athènes, foyer d'inspiration romantique sous la Restauration, il abritait la maison et les deux ateliers jumeaux du peintre Ary Scheffer et de son frère. 

Delacroix, Géricault possédèrent un temps un atelier dans ce quartier. Des ateliers à grande verrière au nord pour une lumière égale, avec un poêle et son grand tuyau coudé qui monte vers le haut plafond.
Ce n'était pas la bohème ; ces artistes appréciés bénéficiaient des nombreuses commandes que la Restauration et les trente glorieuses favorisèrent pour remplacer ce que la Révolution avait détruit.
"Esquisses peintes de l'époque romantique" est le titre d'une exposition présentée en ce moment dans les ateliers du Musée.

Les peintres ont toujours préparé leurs tableaux par des esquisses mais elles acquirent à l'époque romantique un statut autonome. Ici la chasse au lion de Delacroix (l'esquisse n'est pas à la même échelle que l'original).

Pour  les commandes publique, l'artiste devait proposer une esquisse appelée aussi "modello" lorsque plus travaillée. L'esquisse n'est pas bien finie, les coups de pinceaux sont apparents mais le sujet est bien mis en place, l'idée exposée, les couleurs et la lumière définies. Le commanditaire gardait l'esquisse le plus souvent. Ici "Médée tuant ses enfants" de Delacroix (il y a de notables différences avec l'oeuvre peaufinée).

Pour le prix de Rome les candidats travaillaient souvent à l'esquisse d'une oeuvre qui ne serait jamais réalisée. Ici le thème était "Le chêne et le roseau"; le programme exigeait la présence d'un personnage effrayé par l'orage. La proposition de droite a remporté le premier prix comme traduisant mieux l'orage avec son chêne déraciné.

les esquisses devenaient des cadeaux qu'un peintre offrait ou souvent vendait. De petite taille, d'un moindre coût elles  trouvaient place dans les salons bourgeois et alimentaient un nouveau marché de l'art . Ici le chasseur de Géricault.

Le bien fini n'était plus la référence. La spontanéité, le coup de pinceau apparent, la couleur jetée en taches préparaient, à l'époque romantique, le goût pour une nouvelle peinture comme dans ces "Bacchantes et satyres" de  Chassériau.

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