mardi 22 mai 2018

LA CARTE ET LE TERRITOIRE - ELISABETH IMBERDIS


Les peintures d'Elisabeth évoquent souvent la terre vue de haut, un univers de rêve, à la fois intense, insaisissable et précis.


 Avec ses couleurs lumineuses, éthérées, nous découvrons des lieux inconnus, des lieux énigmatiques, nous surplombons la terre, les montagnes.

« J'aime me poser face au paysage et rester longtemps. Devant l'immensité de la mer, je me sens minuscule, une petite, une infime parcelle de l'univers».
«Les voyages, l'Afrique toute petite, la terre minuscule, une simple boule, des glaciers, une multitude de chemins, des spirales de mondes inconnus, les étoiles. J'essaie de mettre tout cela dans mes peintures». 


Contempler pour peindre, entrer dans la magie du rêve, me fondre et goûter un sentiment océanique.
Lors de nos voyages, en camping-car, j'aime passer du temps seule face au paysage, entrer en communion avec la nature. Entrer en patience, ….autrefois j'ai pratiqué la dentelle au fuseau.


 La carte et le territoire
Pour réaliser cette peinture à dominante ocre jaune, Elisabeth s'inspire d'écailles d'ananas, de coquilles aux tons jaune éclatants, d'écorces d'arbres, de cailloux. Répétition de signes, points, spirales, traces, lignes géométriques, chemins, des jardins, une dominante de couleurs ocre, jaune orangé, des traces brunes pour attirer et questionner le regard.. Une vision aérienne qui évoque des paysages, jardins, territoires, continents. La terre vue d'en haut.

«Cette toile a été choisie par ma fille qui affectionne le baiser de Klimt».

Elle me fait penser aux cultures aborigènes d'Australie , une carte, un territoire, avec des énigmes à résoudre. Des signes sacrés, camouflés derrière des points ou des pigments colorés, toujours liés à un territoire, un itinéraire, site, grotte, point d'eau.
L'art traditionnel est d'abord spiritualité, d'abord un hommage à la déité ou à l'esprit ancestral créateur. Il s'agit par le rituel de réanimer l' énergie créatrice et d'assurer la protection.
Un lieu couleur de terre chaude, ocre et terre de Sienne, un lieu où s'aventurer par le regard intérieur. L'art chamanique des cartes, une figure énigmatique et propitiatoire.

Je pense aux cérémonies traditionnelles du Bouddhisme tibétain avec les mandalas de sable et de poudres colorées de grande dimension, plusieurs mètres de diamètre, que l'on détruit et disperse après le rituel, comme le pratique encore le Dalaï Lama lorsqu'il vient en occident.
Impermanence. Interdépendance. Voyages et itinérance. Nous portons l'univers en nous-mêmes. Partir, revenir, regarder, se poser face à la mer, l'esprit en voyage, en contemplation.

Les nouvelles formes d'expression artistique viennent rejoindre l'énorme réservoir d'inspiration que constitue le Temps du Rêve. Elle a permis aux aborigènes d'Australie d'exorciser le souvenir des massacres impunis.

Braque et Toffoli, les peintres favoris qui inspirent Elisabeth.

Braque né en 1882 rencontre et travaille avec Picasso. Ils créent ensemble le cubisme en 1907.
Ce que leur rencontre fait surgir, c'est que le motif n'est plus la peinture. C'est la composition, par ses rythmes contrastés, qui révèle une forme-peinture, que l'on peut lire ou découvrir à travers le motif.
Braque avait déjà commencé sa propre révolution avec Nu debout ,



 une encre sur papier de petit format (31×20cm), dans lequel le peintre a déjà expérimenté une construction du corps en formes géométriques.

Pour Toffoli, peintre français né en 1907, les personnages s’imposent d’emblée au visiteur par la lumière transparente traversant toutes les formes. Elle semble sortir des peintures, l’impression de pureté qui s’en dégage crée une profonde intimité avec les personnages.



 Louis Toffoli serait à la recherche d’une vérité intérieure inhabituelle, les couleurs et les lumières font chanter les motifs et ravissent le spectateur. 

Elisabeth inspirée par les peintres cubistes aime bousculer les formes, transformer, transfigurer à sa manière le réel.
L'univers de la Peinture est notre plus intime liberté.



Peintures : Élisabeth IMBERDIS                           -                           Texte : Marie-Pierre BAYLE

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