mardi 21 mai 2019

ANOUCH - TOITS POUR TOI

TOITS POUR TOI


Le ciel d'ardoise et les bruns rouges gourmands.
Les tuiles comme des baisers rouges,  envoyés à la vie, envoyés à l'aimé.
Envolés vers le ciel.
Une partition musicale, une table apéritive.
Tout un jeu de lignes savamment orchestrées.



Ardoise bleutée et gris dégradés nous évadent par les toits.
Tandis que de grandes obliques descendent le ciel sur la terre.
Belle douceur grisée, enveloppante et charmeuse.

Être peintre c'est travailler longtemps, beaucoup produire.
Dessiner encore et encore. Sans cesse commencer.
Une touche après l'autre, appuyer la couleur, une couche sur l'autre.
Recommencer encore.


D'abord le bleu, un bleu en travail, jean délavé.
Couleur adolescente, tout à fait actuelle, et en même temps mélancolique et surannée.
Un peu blasée.

Toujours cette absence de ciel, ardoise obsédante et magique.
Les cheminées, respirations verticales, vases d'argile aux secrets bien gardés.
Les rayons espacés d'une bibliothèque avec des mots doux serrés au creux des pages.
Les bruns rouges verticaux, des chopes de bière pour trinquer entre amis,  


Là-haut sur les toits entre voisins de palier.
La table est dressée, les invités vont arriver

Là- bas, au fond, les yeux obscurs de six grandes fenêtres,
Une dame en froufrou, dame du temps jadis, en costume pour le théâtre de la vie.
Hôtesse ou invitée. Elle m'attend.



Amour romanesque, roman à quatre sous, face à face de voisinage.
Elle est la voisine éternelle, celle qui apparaît toujours l'après midi morose,
Celle qui distrait de la solitude ou des ennuis conjugaux.
Elle entretient le mystère, détail anodin pour meubler ma peinture.
Amusement pour l’œil. Figure humaine plutôt que rien.



Elle me regarde, elle reste longtemps à la fenêtre.
Je l'aime. Vers sa furtive présence, convergent tous mes émois.

Une vie à deux à distance, sans l'ombre d'un reproche.
L'attendre, la deviner, souhaiter sa venue à la fenêtre.
Toits pour Toi. Lui offrir un toit, comment faire pour l'approcher.
Je vais aller déposer ma toile au pied de son escalier!



Peinture : ANOUCH                    Texte : Marie-Pierre BAYLE


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