samedi 23 avril 2016

VERT, NOIR ET LUMIÈRE




Au bord de la rivière ‘La Mare’, acrylique, Marie-Henriette BORY


 Dans ses toiles Marie-Henriette manie les noirs avec une telle puissance qu’une grande part de mystère s’y cache. Son geste franc et répété en impose. Vert, Noir et lumière. Une déesse de la terre et des moissons, pose la couleur verte en abondance, les verts bleus profonds dominent, dialoguent avec les teintes plus claires et se répondent.  La pleine lumière donne à voir le réel ordinaire et banal, les objets, ici, la rivière qui coule entre les cailloux. L’ombre est le domaine de l’invisible et du mystère. Elle est la puissance des silences et la force de solitude.

A gauche du tableau, regardez : le noir brutal sorti du tube sans mélange, étalé en grande surface sur la toile comme l’affrontement d’une réalité magistrale et implacable. Un combat, une sorte de duel permanent avec l’Obscur.  Ce noir intense si largement posé fait barrière au visible. Quelques taches de rouge, de bleu, de vert s’y mêlent pourtant et l’œil semble les voir bouger dans l’obscurité, ce sont les fragiles présences des esprits des eaux, les elfes, les nymphes qui jouent dans l’ombre,  se cachent derrière les rochers ou les écorces et restent dans les creux au bord des rivières ou au bord des larmes, là où elles mêlent leurs chuchotements au clapotis de l’onde ou dans un soupir à la fin d’une phrase pour qui sait écouter. Les ombres ont besoin qu’on les entende.

Dans la marche du matin sous le ciel gris et le soleil voilé, il arrive parfois qu’on la rencontre devant soi sur le chemin, notre ombre, quand un  rayon de lumière perce. Alors dans le silence nous marchons quelque temps avec elle, pas à pas et un dialogue s’installe.
La pleine lumière donne à voir les objets,  la matière tangible,  mais elle détruit  l’invisible. L’ombre protège l’âme profonde car l’extraordinaire se cache pour  ne pas déranger, ne pas faire de vagues inutiles. Marie Henriette en vert bleu, rouge, jaune-lumière et noir. Immédiatement efficace.
                              
                                        Texte : Marie Pierre BAYLE, le 22 Avril 2016

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire