samedi 28 mai 2016

UN AMOUREUX DES MATHS SÉDUIT PAR LA PEINTURE


 André Tissot, les pingouins

Quatre pingouins, cahin-caha tournent brusquement la tête.
Et Vous regardent. Ils sont là pour la photo !
Papa en costard noir queue de pingouin file devant sans rien remarquer.
Il a mis son bel uniforme de maître penseur en mathématiques appliquées.
 
Il compte ses pas ou ses petits et la circonférence du carré de plage qui lui est réservé.
Il médite sur le temps et le carré de la racine.
Comment l’extraire du sol tout à l’heure sur la terre gelée. 




Voyons ! Extraire une racine carrée, rien de plus facile!
Au fait : Où est maman pingouin ?
Là-bas, sur la banquise au bord de l’eau, elle s’agite !
Vite allons la rejoindre ! 





André Tissot, scène du Moyen Âge

«  Gente dame »  dit le  chevalier d’un air penché à la châtelaine
 - Pour vous je frissonne et tremble, je vous aime de si bon amour
Je n’ai croisé jamais de si belle, en la terre du seigneur Adam
Plus blanche qu’ivoire, je n’adorerai que vous.


Et si ma bonne dame ne m’aime, je mourrai c’est certain.
Si vous ne m’accordez  un baiser,
Un seul baiser de vous ma mie, en chambre ou sous cet arbre,
Et de toute ma vie, je n’adorerai que vous ».
 

En ce beau pays de Forez, la Belle Héloïse s'ennuie en son château de Mon Bréson.
André avec un pinceau fin a habillé la dame.
On ne voit qu’elle avec sa longue robe fleurie au premier plan de la scène.  
Touche après touche, il a choisi les couleurs, orange et jaune mêlés.
L’a coiffée d’un haut hennin au voile transparent.
Elle est superbe et très attentive dame Héloïse.
Le Comte de Forez, son époux, on l’aperçoit à l’arrière plan sur  son cheval,
Se plait en forces chasses, tant de jours que de nuits,
Délaissant la Belle en sa demeure. Ennui.
 


Venant d'un proche Castel, le très beau, et très galant Guillem, trouvère de son état,
Charme la Belle par une cour assidue. Il lui glisse à l’oreille qu'elle est la plus belle.
Que c’est le plus beau jour de sa vie, que son corps est blanc comme Lys,
Que le bleu de ses Yeux est semblable à l'eau pure d'un lac de montagne.
Arrivé avant les autres, il dit tant et tant de jolies choses.
Si vous tendez l’oreille, la musique du menuet, les voix d’autrefois en langue occitane.
Que voici une histoire d'amour comme d’aucune voudrait en avoir connue.


André a composé et organisé à sa manière cette peinture enluminure.    
Scène d’amour courtois avec le ménestrel, le chevalier et sa dame
Il y a le comte son époux et ses hommes devant le château peint pierre à pierre,
Une dame chasseresse en bleu azuré montée sur destrier.
Son nom m’a échappé.




André pose chaque touche, avec d’infinies précautions.
Assis, un air penché, très concentré.
Une précision toute mathématique comme une notation musicale.
Rien ne saurait le  distraire, silence, absorption, sérieux et grande précision.
Tiens, on dirait une annotation pour livret scolaire bon élève !
L’humour viendra après. André se lâchera, exubérant à la pause.
Tiendra son public en haleine.
Il vous expliquera pour la énième fois comment extraire une racine carrée,
Et vous ne comprendrez pas, mais vous serez admiratifs.
Patient il vous expliquera une nouvelle fois.
Il est une fois un amoureux des Maths séduit par la Peinture.

Bien sûr,  Héloïse et Guilhem devinrent amants. 



Mais, pour la suite de l’histoire les auteurs ne sont pas d’accord.
Une servante affirme qu’Héloïse se lassa et que le chevalier repartit vers d’autres amours.
A moins que ce ne soit l’inverse. D’autres disent que le Comte partit pour la croisade et ne revint jamais.

La véritable histoire, êtes- vous bien sûrs de vouloir la connaître?
Je ne vous le conseille pas ! Arrêtez plutôt là votre lecture!

Le Comte est négligent mais fort jaloux. Les amants s’aiment tant, il ne peut supporter.
Un beau soir que le trouvère quitte Héloïse, les gens d'armes du Comte le saisissent, l'égorgent sur ordre du mari trompé. Cela peut suffire à une vengeance, mais le Comte fait arracher le cœur du Trouvère, le fait préparer en cuisine, avec des épices et le fait manger par sa belle épousée. Il lui révèle alors qu'il s'agit du cœur de Guillem, lui demande comment elle l'a trouvé ? Héloïse, pleine d'un Amour immense rétorque qu'elle n'a jamais dégusté de mets plus délicat et que de sa vie elle n'en savourera pas d'autre. Alors la Belle se lève, grimpe sur la plus haute tour de son château de Mon Bréson et se jette dans le vide en direction des fossés où le corps sanglant de son Amant l'attend...

 La finale est d’après….. les plus belles histoires du Roussillon, la légende du cœur mangé (Guillem de Cabestany)

 Marie-Pierre Bayle  le 22 Mai 2016

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